Habitat 67, vestige de l’exposition universelle de 1967, est un des joyaux cachés de Montréal. Situé sur la Cité-du-Havre, une péninsule artificielle, il offre l’une des plus belles vues sur la ville, entre le Vieux Montréal et le fleuve St Laurent. il est classé monument historique par le gouvernement du Québec en 2009. C’est le premier monument moderne a obtenir cette reconnaissance.

La visite

Habitat 67 est une propriété privée. Pour la visiter, il vous faudra passer par la visite payante ou être invité par un habitant. Autrement vous serez reconduit à l’entrée par le gardien ;-).

Pour les non-initiés dont je fais partie, ces blocs de béton froids, au demeurant, peuvent un peu rebuter. Bien loin de l’esthétisme “classique” auquel je suis habituée, j’étais curieuse de savoir en quoi ce lieu continue à l’heure actuelle d’être reconnu pour son concept novateur et étudié dans les écoles d’architecture.

Nous avons visité les parties extérieures, les coursives en profitant des vues magnifiques sur le Vieux Montréal. Nous avons également pu voir un appartement (vide) appartenant à Moshe Safdie. 

Notre guide François, était passionné par le sujet et a su rendre la visite vivante tout en la ponctuant d’anecdotes. Nul besoin d’avoir des connaissances pointues pour apprécier l’endroit et découvrir ces 354 modules imbriqués les uns sur les autres, comme flottant dans les airs, redéfinissant la vision traditionnelle de l’habitat urbain. 

Une peu plus d’histoire sur Habitat 67

Habitat 67 a donc été créé pour l’exposition universelle de 1967, mais savez-vous qu’elle n’aurait jamais dû avoir lieu à Montréal?

En effet, c’est Moscou qui avait décroché le précieux sésame, cependant dans un contexte de guerre froide avec les États-Unis, ils ont abandonné en 1963, ce qui a permis à Montréal de pouvoir l’organiser.

C’est l’architecte Moshe Safdie (Israëlien, Canadien, Américain) qui a seulement 27 ans, encore étudiant en thèse, à l’Université McGill a relevé le défi d’accomplir ce projet, avec peu de temps et à un budget moins élevé que prévu au départ. Il a su faire preuve d’ingéniosité dès le début, en installant une usine à seulement quelques centaines de mètres, pour créer des éléments préfabriqués en béton, tous de mêmes dimensions. Chaque module pesait 90 tonnes.

Pour le côté anecdotique de l’histoire, Moshe Safdie a utilisé des légos pour ses maquettes car les modules qu’ils allaient emboiter les uns dans les autres, correspondaient à leur échelle. Il en a tellement utilisé, qu’il y a eu une pénurie du jouet à Montréal.

Le jeune architecte voulait partir d’un assemblage d’éléments préfabriqués, ce qui rendrait sa construction plus rapide et peu coûteuse, ce qui permettrait de loger des ménages à revenus modestes. 

Il imaginait un bâtiment qui offrirait les qualités d’une maison sans vis à vis, avec un jardin et la nature, mais en ville. 950 appartements seraient répartis sur 22 étages, en incluant des commerces et une école…

Après de nombreuse coupes budgétaires, Habitat n’aura au final que 158 appartements sur 12 étages, sans commerce et sans école. Mais tout le reste y est. Chaque appartement est pourvu de 1 à 4 terrasses et d’espaces de nature. Chaque espace est pensé afin de laisser place à une vue infinie qui vous donne le vertige. Ils ont même poussé le petit détail jusqu’à mettre une boîte aux lettres dans chaque appartement comme dans une maison et pas regroupées au rez de chaussée.

Le chantier démarra en 1965 et se termina en 30 mois.

Dans le mouvement de libéralisation qui caractérisait cette époque au Canada, l’exposition universelle de 1967 fut une véritable ouverture sur le monde dans tous les domaines, avec plus de 50 millions de visiteurs en six mois, Habitat 67 aura révolutionné bien plus que l’architecture, mais tout un mode de vie.

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En 2015, le Guardian l’a décrite comme « une icône fonctionnelle de l’utopisme des années 1960, et l’un des plus importants bâtiments de l’époque ».

Projet initial recrée en 3D

Vous vous demandez à quoi aurait ressemblé le projet initial de Moshe Safdie? Grâce aux prouesses de la technologie, le voici:

Pssst, tu veux savoir un secret?

Informations –Lieu: 2600 Av Pierre-Dupuy à Montréal. Entrée située près du pont de la Concorde. -Visite guidée: 50$ par personne. Réservez via le site. Pas de vente sur place. L’argent est redonné à la copropriété. Gratuit pour les enfants de – de 12 ans, mais vous devez tout de même leur réserver une place. -Se garer: on peut se garer juste à côté le long de la route. Attention cependant, si vous y allez en plein été, les places risque d’être limitées et il n’ y a pas d’autre possibilité. -Venir en transport en commun: En sortant à la station de métro Parc Jean-Drapeau, marcher jusqu’à Habitat 67 vous prendra une trentaine de minutes. Via l’autobus 168, en arrivant à l’arrêt Des Moulins ouest / Pierre-Dupuy, vous aurez environ 20 minutes de marche jusqu’à Habitat 67. -Accessibilité: Le lieu n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite, ni aux poussettes car il y a des escaliers. -Comment s’habiller: une bonne partie de la visite se déroule dans les espaces extérieurs. S’habiller en conséquence (vent, pluie) et à tenir compte qu’il fait toujours un peu plus froid et que c’est toujours plus venteux qu’en ville. -Toilettes: il n’y a pas de toilette publique à Habitat 67. Cependant, des toilettes publiques sont accessibles au Parc de Dieppe (anciennement le Parc de la Cité-du-Havre), plus précisément à 450 mètres (5 minutes de marche) du point de départ des visites. -Animaux : Ils ne sont pas autorisés durant la visite, sauf s’il s’agit de chiens guides (chien Mira, etc.).